Tavush

Haghartsine (monastère)

Le monastère de Haghartsine ou Haghardzine (en arménien Հաղարծին) est un monastère arménien situé dans le marz de Tavush, non loin de la localité du même nom, sur le territoire de la communauté rurale de Teghut. Il se dresse dans une petite vallée boisée reliée à celle de l'Aghstev, au nord-est de l'Arménie.

Un premier monastère est fondé au xe - xie siècle mais est saccagé lors des invasions seldjoukides. Il est refondé à la fin du xiie siècle par le poète, musicien et musicologue Khatchatour Taronetsi, qui y établit une école de musique. Haghartsine se développe ensuite pendant le xiiie siècle, malgré une interruption pendant les invasions mongoles, et reste occupé jusqu'à la soviétisation du pays en 1920. Il est restitué à l'Église apostolique arménienne après l'indépendance et fait depuis 2008 l'objet d'une restauration en profondeur.

Les principaux bâtiments du monastère sont Sourp Grigor (« Saint-Grégoire », xe siècle) et son gavit (1213), Sourp Stepannos (« Saint-Étienne », 1244), Sourp Astvatsatsine (« Sainte-Mère-de-Dieu », 1281) et le réfectoire (1248).

Le monastère est attesté dès le xe - xie siècle et est probablement relié aux souverains du royaume de Lorri, les Kiourikides, des cadets bagratides : les fondations d'un mausolée abritant les tombes de trois d'entre eux ont été retrouvées sur les lieux1. Ce premier établissement est cependant sérieusement endommagé lors des invasions seldjoukides du xie siècle.

État des lieux en février 2009.

Haghartsin est refondé en 1184 par le poète, musicien et musicologue Khatchatour Taronetsi, avec l'aide du roi Georges III de Géorgie, qui lui accorde son estime, et des princes Zakarian1. Khatchatour y fonde une école de musique, qui produit notamment un nouveau système de notation pour la liturgie arménienne13. Les travaux de construction sont provisoirement arrêtés lors des invasions mongoles de la première moitié du xiiie siècle, avant de reprendre1.

Le monastère se maintient au fil des siècles et est restauré en 1671 et en 1681. Il est toutefois abandonné peu après la soviétisation du pays en 1920. En 1974, ses toitures sont refaites, et après l'indépendance, il est restitué à l'Église apostolique arménienne, qui y établit un prêtre en permanence.

En 2006, le site reçoit un visiteur, l'émir de Charjah Sultan bin Mohammed al-Qasimi, qui est impressionné par Haghartsine ; cette visite mène à la conclusion de deux accords au début 2008 prévoyant la rénovation en profondeur du monastère sous la supervision du catholicossat d'Etchmiadzin et sur financement du Hayastan All Armenian Fund, en grande partie grâce à une donation de l'émir. Ces travaux ont débuté en avril 2008.

Sourp Grigor (« Saint-Grégoire ») est la plus ancienne des églises de Haghartsine ; probablement bâtie au xe siècle, cette croix inscrite cloisonnée est restaurée en 1184 et est surmontée d'un tambour cylindrique à l'intérieur et octogonal à l'extérieur, soutenu par des trompes et coiffé d'un dôme pyramidal1. Si son appareil est grossier à l'intérieur, il est soigné à l'extérieur4. Sa façade méridionale est dotée d'un cadran solaire.

Le Katoghike, une mononef à voûte en berceau et à toit en bâtière, est érigé en 1194 contre la façade septentrionale de Sour Grigor. Elle contient probablement à son entrée la tombe de Khatchatour Taronetsi.

Contigu à la façade occidentale de Sourp Grigor, le gavit, remontant probablement à la fin du xiie siècle mais reconstruit en 1213 par Ivanê Zakarian, est une salle à quatre colonnes supportant une coupole pyramidale à huit pans surmontée d'un erdik (type local de lanterneau) ; les plafonds des autres compartiments sont plats et ornés de rosettes, sauf à l'est où sont représentés trois personnages (deux sont identifiés comme étant l'intendant Siméon et le père Daniel). Le portail du gavit se situe à l'ouest et est orné d'un double chambranle complété d'inscriptions et surmonté d'une composition en croix centrée sur une fenêtre. Le mausolée kiourikide est contigu à sa façade méridionale.

Gochavank

Gochavank ou Goshavank (en arménien Գոշավանք, « monastère de Goch » ; anciennement Nor-GetikՆոր Գետիկ, « Nouveau Getik ») est un monastère arménien situé dans la communauté rurale de Goch dans le marz de Tavush, non loin de la ville actuelle de Dilidjan, au nord-est de l'Arménie. Le complexe a été édifié du xiie au xiiie siècles durant la période zakaride ; il est actif jusqu'à la fin du xive, puis du xviie au xixe siècles.

L'église principale du monastère, Sainte-Mère-de-Dieu (Sourp Astvatsatsin), est précédée d'un gavit ; deux autres églises (Sourp Grigor et Sourp Grigor Lousavorich), plusieurs chapelles et une bibliothèque complètent le site. Le monastère porte le nom de son fondateur, le fabuliste, juriste et théologien Mkhitar Goch.

Aujourd'hui désaffecté sur le plan religieux et restauré en deux phases aux xxe et xxie siècles, il est une attraction touristique régionale.

Sous la protection du prince Ivanê Zakarian, lors de la « renaissance zakaride » succédant aux invasions seldjoukides et à la libération du nord de la Grande-Arménie par les Géorgiens appuyés par les Arméniens, le monastère est fondé en 1181 par Mkhitar Goch sous le nom de Nor-Getik (« Nouveau Getik »), à la suite de la destruction par un séisme du monastère de Getik (dont il ne subsiste que des ruines6), 20 km plus à l'est. Il semble que le site ait été l'emplacement d'une forteresse de l'âge du fer, comme le laissent croire les ruines du réfectoire.

Le monastère avant sa dernière restauration.

Deux premières églises en bois (Sourp Grigor Lousavorich et Sourp Karapet Hovnan, dont il ne subsiste rien) font rapidement place à un premier bâtiment en pierre, Sourp Astvatsatsin2. Devenant un centre majeur d'enseignement sous son maître principal Mkhitar Goch et participant ainsi au renouveau de l'Arménie zakaride, le monastère, dont la réputation s'étend jusqu'en Cilicie, prend son nom actuel à la mort de son fondateur (1213). Parmi les étudiants célèbres du monastère figurent Hovhannès VanakanKirakos de Gandzak, qui en a laissé une description à son époque22, et Vardan Areveltsi.

D'autres bâtiments sont érigés sous le supérieur Magistros (1213-1252) au xiiie siècle, mais le complexe est abandonné à la fin du xive siècle lors des invasions timourides (avec notamment l'incendie de la bibliothèque et de ses 15 000 volumes) ; il renaît du xviie au xixe siècles avant d'être à nouveau abandonné.

Une première restauration intervient sous l'ère soviétique, de 1957 à 1966, et un petit musée est créé en 1972. Une deuxième restauration a été menée après l'indépendance du pays, dans les années 2000, avec notamment la pose de toits transparents sur certains des édifices.

La principale église du complexe est Sourp Astvatsatsin (« Sainte-Mère-de-Dieu », 1), érigée du vivant de Mkhitar, de 1191 à 1196, consacrée en 1197 et restaurée au xiiie siècle. Cette croix inscrite reprend le plan de la salle à coupole, avec les pièces d'angle ouest largement ouvertes. Elle est surmontée d'un tambour cylindrique orné d'entrelacs et d'un dôme conique supportés par des arcs brisés et quatre pendentifs. Ses murs sont ornés à l'extérieur de niches triangulaires à l'est et au sud, et sont percés par l'entrée principale (donnant sur le gavit à l'ouest) et par une autre entrée au nord.

Sourp Grigor Lousavorich

Au sud du gavit se situe l'église Sourp Grigor Lousavorich (« Saint-Grégoire-l'Illuminateur », 3), érigée en 1231 (ou 1237) par le prince Grigor Tgha. Cette mononef à voûte en berceau est dotée à l'est d'une abside abritant l'autel et ornée de cinq niches, et de deux chapelles de coin30. Son décor intérieur se distingue notamment par ses colonnes torsadées. Ses façades sont ornées d'arcades aveugles et de colonnes, la façade orientale étant en outre munie de trois fenêtres et de deux niches5. La façade occidentale se distingue par le portail à l'ornementation sculptée complexe évoquant l'art musulman, avec son arc en accolade, ses étoiles et ses motifs végétaux. De part et d'autre du portail figuraient deux khatchkars, œuvres d'un certain Pavlos ou Poghos réalisées en 1291, « exceptionnels par leur raffinement » et rattachables à l'école du Vayots Dzor de Momik. Un seul subsiste sur place, le second étant exposé au musée d'histoire de l'Arménie.

Makaravank

Makaravank (en arménien Մակարավանք, « monastère de Macaire ») ou monastère de Saint-Macaire est un monastère arménien situé près de la communauté rurale d'Achajur dans le marz de Tavush, en Arménie du nord-est. Il a été fondé au ixe siècle sur un plateau boisé, et agrandi au xiiie siècle. Restauré au xxe siècle, il a fait l'objet dans les années 2000 de mesures visant à consolider le sol sur lequel il est bâti.

Composé d'une ancienne église, d'une église principale Sourp Astvatsatsin (« Sainte-Mère-de-Dieu ») et de leur gavit commun, ainsi que d'une petite église Sourp Astvatsatsin et de divers bâtiments en ruine, ce monastère doté de remparts est particulièrement renommé pour ses décors sculptés. Son potentiel touristique est cependant encore peu exploité.

Le site du monastère semble avoir été occupé dès l'époque païenne d'après des traces découvertes près des sources locales ; des vestiges de constructions en bois attestent également de son occupation au ive siècle.

L'actuel monastère de Makaravank est fondé au ixe siècle, mais il ne subsiste de cette époque que l'« ancienne église », probablement du xe siècle. À la fin du xiie et au début du xiiie siècle, il est fortement agrandi sous ses abbés Hovhannès Ier et David et en partie grâce au mécénat de la noblesse, participant ainsi au renouveau de l'Arménie zakaride. Des réfections sont menées sous l'abbé Hovhannès II (1250-1276)1. L'époque à laquelle le monastère est abandonné n'est pas déterminée.

Au xxe siècle, fortement délabré, le site fait l'objet de restaurations en 1940 et dans les années 1970. En outre, le terrain sur lequel le monastère est bâti étant soumis à un phénomène de solifluxion, des interventions ont été menées afin de le consolider au moyen de béton. Un programme d'étude des glissements de terrain s'est déroulé de 2003 à 2005. En dépit de ces travaux, le potentiel touristique du site reste encore peu exploité.

Église principale Sourp Astvatsatsin

Au sud-ouest de l'ancienne église se dresse le plus imposant des bâtiments du lieu, l'église Sourp Astvatsatsin (« Sainte-Mère-de-Dieu ») ou « église principale » ((2), 13,5 × 9,5 m à l'extérieur8), érigée en 1205 par Vardan, fils d'un prince Bazaz. Cette église est une croix inscrite cloisonnée ouverte dotée d'une abside semi-circulaire à l'est comptant treize niches à arcature, complétée de pièces d'angle cloisonnées20, dont celles situées à l'est comptent deux étages1. Elle est surmontée en son centre d'un tambour cylindrique coiffé d'une coupole.

Le décor sculpté y est particulièrement riche, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. À l'extérieur se distinguent les façades orientale, méridionale et occidentale : les deux premières sont percées de niches dièdres surmontées de festons à palmettes typiquement géorgiens et entourées de hauts-reliefs représentant des animaux, et voient leurs fenêtres décorées de motifs géométriques ; la façade méridionale compte également deux oculi. La façade occidentale est percée par un portail à chambranle encadrant une marqueterie de carrés verts et violets pour le tympan et d'hexagones verts et de triangles violets pour les écoinçons. Quant à la façade septentrionale, elle est adossée au gavit. Le décor extérieur est enfin complété par l'arcature à doubles colonnettes, la frise géométrique et les fenêtres à chambranle du tambour.

Le décor intérieur se distingue particulièrement par le bem situé dans l'abside et orné de deux rangs d'étoiles à huit branches contenant des créatures mythiques (des sphinx, une harpie) ou ordinaires (des paons, des colombes, un aigle, des poissons) et deux hommes (dont l'un, avalé par une baleine, pourrait être le prophète Jonas1), « l'un des chefs-d'œuvre de l'art arménien ».